Test sur l'article en fanfare
À travers le film En fanfare (Emmanuel Courcol, 2024), c’est toute une mémoire musicale et affective de la société française qui ressurgit, dans ses cuivres autant que dans ses silences. La fanfare y devient le symbole d’une France où le lien social se joue dans la proximité, la régularité et la joie partagée. Loin d’être une simple comédie familiale, le film invite à repenser les pratiques populaires comme des formes de ritualisation du commun. De la généalogie des fanfares à la symbolique des bals, de la géographie culturelle aux mutations contemporaines du lien festif, cette fresque analyse comment les rituels sociaux incarnés ont été progressivement remplacés par des événements éphémères, plus spectaculaires mais moins structurants. En interrogeant cette transformation à la lumière de la pensée de Byung-Chul Han et d’auteurs comme Bourdieu, Rosa ou de Certeau, l’article explore ce que nous dit la disparition — ou la réinvention — de ces pratiques sur notre manière d’habiter ensemble un imaginaire collectif. Car la fanfare, en dernière instance, n’est pas qu’un écho d’antan : elle est le souvenir sonore d’un bonheur lent, partagé et possible.
Une histoire en fanfare : origines, déploiement, ancrages territoriaux
Les fanfares occupent une place singulière dans l’histoire sociale et culturelle française. Bien plus que des formations musicales de rue, elles furent des instruments de sociabilité, d’éducation populaire, et des marqueurs de la présence républicaine au cœur des territoires. Leur évolution, depuis leurs origines militaires jusqu’à leur déploiement associatif, puis leur déclin relatif dans la seconde moitié du XXe siècle, raconte une histoire de la France populaire en musique.
L’histoire des fanfares commence au tournant du XIXe siècle. Issu des traditions militaires européennes, le modèle de la musique de marche se diffuse dans les sociétés civiles, notamment dans le sillage des grandes transformations politiques et institutionnelles. Sous la Troisième République, la…