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Parce que chaîne et trame ne font qu’une !

« Décentralisation et République » : l’alliance de ces deux termes inspire comme une hésitation à penser la décentralisation comme un registre de déclinaison de la République !
Pourquoi ne pas les fondre intellectuellement l’une dans l’autre ?
« La liberté, l’égalité et la fraternité sont le fondement de la République : notre devise doit désormais inspirer et innerver la décentralisation » avancent Vincent Aubelle et Nicolas Kada. Est-ce à dire que jusqu’ici, notre devise n’aurait pas assez nourri la vie des pouvoirs locaux ? Guillaume Protière l’affirme : « le projet de loi « 3D » — en lien avec les évolutions engagées sous l’Acte II — devrait conforter l’abandon de la conception républicaniste classique. »

Mathieu Doat invite pour sa part les collectivités locales à devenir libres. Mais qui est l’ennemi des libertés locales ? Il serait interne au sujet local. L’horizon s’éclaircit si l’on considère que la liberté locale doit « trouver une forme d’association avec l’État qui protège, tout en laissant la collectivité libre de son action ».

Après la liberté, l’égalité. Marie-Odile Nicoud s’interroge sur la valeur et l’efficacité de la notion de « collectivité chef de file » lorsque l’on sait que l’égalité locale est fortement arrimée au principe constitutionnel d’interdiction de toute tutelle d’une collectivité territoriale sur une autre. Il en résulte au final que « cette obsession de l’égalité préserve le rôle de chef de file « naturel » de l’État, le conforte en tout cas dans son rôle d’arbitre, de régulateur du local... ».

Égalité et uniformité : un tandem infernal. Pouvons-nous encore le qualifier ainsi ?
Depuis le début des années 2000, le tandem vacille. Florence Crouzatier-Durand pose un constat : « Il est incontestable que l’uniformité proprement dite n’a pas permis l’égalité réelle des territoires ». Une décentralisation à la carte — une « différenciation » — pourrait-elle être
la solution vers plus d’égalité et aussi davantage d’équité ?

Quant au troisième terme de la devise républicaine — la Fraternité — où chercher
sa concrétisation ? interroge Virginie Donier. Du côté du « département solidaire » ?
de la démocratie locale ? Dans les politiques « fraternelles » désintéressées qui vont plus loin que leurs obligations légales auprès des populations les plus fragiles, répondent pour leur part Christophe Chabrot et Julie-Victoire Daubié.

Dans l’industrie textile, une pièce de tissu est généralement tissée sur un métier où
un dispositif tient les fils de chaîne en place tandis que les fils de trame sont tissés à travers eux.

Par analogie, imaginons un instant que la liberté, l’égalité et la fraternité constituent les fils de chaîne auquel s’entremêlent les fils de trame sans lequel le tissu (local) ne tient pas ?
En quoi consistent ces fils de trame ? Ils prennent les couleurs de la subsidiarité — qui pour Alain-Joseph Poulet est le levier essentiel pour « déconfiner la décentralisation » — et aussi celles de l’autorité, de la confiance et de la responsabilité. Ces fils de trame vibrent, ils navettent entre les fils de chaîne. Le bruit du métier à tisser siffle alors comme un nouvel air de décentralisation !