Esquisser la toile pour repenser l'État
Avec « L’État et la toile », Anne Bellon se donne pour ambition de dresser les conditions de pénétration, d’appropriation et de développement de l’internet en France dans les champs bureaucratiques et politiques selon une approche généalogique rigoureuse. Objet de méfiances, de critiques et d’incertitudes, l’internet a en effet vu sa place être entièrement repensée au fil des ans, au gré de rapports de force aussi bien exogènes qu’endogènes à l’administration. L’objectif affiché de l’ouvrage est alors de mettre en lumière la domestication progressive et pourtant contre-nature de l’espace numérique par l’État ayant abouti à redessiner l’action publique dans son ensemble. Pour ce faire, l’auteure se penche sur les origines de la culture administrative du numérique et met en évidence, de manière novatrice, la singularité de l’adaptation à la toile des modes de coercition, de régulation et de contrôle étatiques.
Anne Bellon est docteure en science politique1 et aujourd’hui maîtresse de conférences à l’Université Technologique de Compiègne. Elle adopte, du fait de son parcours, une approche profondément sociologique dans cette étude des rapports entre l’État — décomposé en ses acteurs, actions et moyens — et la toile.
On parle de toile ou de World Wide Web pour désigner un système hypertexte interrelié fonctionnant sur Internet et permettant de consulter, avec un navigateur, des pages accessibles sur des sites en ligne. Le web est l’une des applications d’Internet, inventée en 1989, qui a permis de rendre Internet attractif et surtout accessible au grand public. Dès lors, Web et Internet sont souvent confondus et le mot toile est généralement utilisé dans les textes de vulgarisation pour désigner l’un ou l’autre. L’image de la toile d’araignée…