Les relations centre-périphérie en temps de pandémie
La crise sanitaire paraît ainsi pousser à son paroxysme les traits de l’État unitaire en France et des relations entre l’État et les collectivités territoriales qui en découlent, comme si cette crise soulignait un hiatus entre le discours juridique relatif au droit commun et la réalité juridique imposée par l’urgence sanitaire. Celle-ci opère une certaine reconfiguration des responsabilités institutionnelles.
L’uniformité, parfois revêtue des habits lexicaux de la « verticalité », s’est manifestée, d’abord, dans le monopole décisionnel des représentants de l’État mais aussi dans les aléas de la mise en œuvre territorialisée des mesures édictées. La même urgence sanitaire a entraîné une reconfiguration des responsabilités institutionnelles. La relégation des collectivités territoriales à un rôle subordonné, se manifestant davantage en termes factuels qu’en termes juridiques, a correspondu à l’émergence parallèle de nouveaux acteurs institutionnels détachés du local.
La rubrique “Droit” est dirigée par Jacques Caillosse.
Le 14 juin 2020, dans son allocution mettant fin au premier confinement imposé dans le cadre de la crise sanitaire, le Président de la République, Emmanuel Macron, dressait un premier bilan des mesures prises pour endiguer la propagation du virus COVID-19. Il formulait son souhait « de bâtir de nouveaux équilibres dans les pouvoirs et les responsabilités […]. Tout ne peut pas être décidé si souvent à Paris ».
Par cette formule, le chef de l’État semblait alors réinterroger les relations entre le centre et la périphérie. Le centre ne constitue certes pas une catégorie juridique, néanmoins il est saisi par le droit dès lors « qu’il est partout derrière le local qu’il produit, découpe et retaille en fonction des circonstances »1. Le centre ne saurait évidemment pas se limiter à une acception a contrario par opposition au local dans la mesure…
