Do not follow this hidden link or you will be blocked from this website !

Les tiers-lieux solidaires : une révolution silencieuse de l’action sociale territoriale ?

Acheter - 4 €

Le développement exponentiel des tiers-lieux en France témoigne d’un engouement citoyen pour ces nouvelles formes d’action au service de collectifs pluriels à la ville comme à la campagne1. L’intérêt de l’État et des collectivités territoriales pour cette dynamique est indéniable.
Le tiers-lieu apparaît comme un vecteur idéal, presque magique, de revitalisation des territoires et s’inscrit dans la recherche par les pouvoirs publics2 de processus vertueux d’inclusion sociale, d’innovation socio-économique et de coopération horizontale entre des acteurs multi situés. Au sein de cet écosystème des tiers-lieux, d’une grande richesse et toujours en pleine expansion, la réflexion se concentre ici sur ce que l’on qualifie de tiers-lieux solidaires.
Si la solidarité et l’ouverture inconditionnelle à tous les publics sont des valeurs fondatrices
de ces espaces, nous nous intéressons plus précisément à des tiers-lieux mettant en œuvre
des dispositifs spécifiques à destination de publics en situation de vulnérabilité dans leur parcours de vie (accueil de jour, insertion par l’activité économique, hébergement d’urgence, accompagnement social…). Parfois situés à l’intersection entre solidarité autogérée et secteur social conventionnel, ces lieux expérimentent de nouvelles manières de faire face à de multiples enjeux sociaux contemporains (isolement social dans les zones rurales, crises migratoires, augmentation de la pauvreté etc.). Ce sont des espaces hybrides, en voie d’institutionnalisation rapide, qui tentent de renouveler au concret un État providence à la française, fragilisé dans
sa capacité à produire du commun3 ? Ces tiers lieux solidaires sont-ils finalement les laboratoires de l’action sociale de demain ou actent-ils, au contraire, son déclin ?

Tiers lieux : du laboratoire du changement social à l’instrument d’action publique

Quel étrange cheminement que la notion de tiers-lieu. Elle émerge voici plus de deux décennies dans les débats de la sociologie américaine sur les mutations du lien social dans les communautés locales et leur impact sur la confiance vis-à-vis des institutions et la participation citoyenne dans le fonctionnement de la démocratie américaine. Les travaux de Robert Putnam sur le capital social font notamment le constat d’un déclin du capital social aux États-Unis, et plus généralement dans de nombreux pays industrialisés depuis les années 1970, avec une diminution de communication entre les individus et avec les collectivités et une baisse de participation (politique, civique, religieuse, syndicale…) de la population à la vie collective. Putnam appelle alors à…