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Dis-moi comment tu te déplaces... : fractures et figures de la France qui conduit

Dans une France où les fractures ne cessent d’être exposées et commentées, une ligne de faille parfois silencieuse parois bruyante et toujours décisive traverse le pays : celle des mobilités. Qui conduit, et pourquoi ? Qui peut encore se passer de la voiture ? Qui s’y accroche comme à un dernier droit ? Derrière le volant ou sur une selle de vélo, le mode de déplacement devient révélateur d’un mode de vie, d’une appartenance, d’un statut — voire d’un rapport au monde. Entre fantasmes de liberté et injonctions écologiques, entre métropolisation et déclassement territorial, la mobilité ne se contente plus de faire bouger les corps : elle classe, sépare, stigmatise. Il s’agit ici d’explorer les figures contradictoires de la France qui conduit — chauffards, « bobos », contraints, hésitants — et d’interroger ce que nos déplacements disent désormais de nous.

Les deux caricatures de la France qui conduit

La France contemporaine est traversée par une ligne de fracture singulière, dont les points d’ancrage ne sont ni purement sociaux ni strictement géographiques : c’est la voiture qui agit comme révélateur et facteur de clivage. Si la voiture a longtemps représenté un outil d’unification, elle est désormais devenue le marqueur d’une dichotomie entre deux figures sociologiques que tout semble opposer : celle du « chauffard rural » et celle du « bobo urbain non motorisé ». Ces représentations, bien qu’excessives, façonnent les imaginaires collectifs, les politiques publiques et les tensions sociales autour des mobilités.

Le « chauffard rural » : une caricature enracinée dans les usages contraints

Dans les espaces à dominante rurale, où 80 % des déplacements s’effectuent en voiture, la dépendance à…