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L'imaginaire de la fonction publique doit sortir de sa chrysalide

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Qu’y a-t-il de mythique en 2024 en matière de fonction publique ? Quelles images, expressions langagières, habitudes se dévoilent dans les institutions et dans les comportements des agents publics ? L’imagerie publique, malgré la rationalité apparente des processus administratifs contient-elle encore du mystère, des rites, des symboles qui donnent envie de rejoindre cet « univers métiers » ?

Il est humain de choisir un secteur professionnel, certes en fonction du contenu d’un poste, mais aussi pour l’imaginaire qu’il véhicule et la mentalité à vivre qu’il propose. Les nouveaux envols nécessaires à la dynamique de recrutement dans le public passent à n’en pas douter par des enjeux de rémunération, de densité des missions, de promesses d’expériences variées, de mobilités géographiques et d’évolution des parcours mais pas uniquement. 

L’imaginaire de la fonction publique doit aussi retrouver ses ailes pour emporter dans son sillage la plus jeune génération mais aussi remotiver celle déjà en poste et bien souvent à la recherche d’un nouveau souffle. Je pourrai vous parler « d’imaginaire de l’emploi public » mais c’est sans doute parce que l’expression « emploi public » a remplacé celle de la « fonction publique » — employée ici au sens du XVIIIe siècle, c’est-à-dire « l’accomplissement d'une charge publique » — que l’imaginaire du fonctionnaire s’est totalement asséché. Il s’est asséché en positif — qui se vante aujourd’hui de compter un fonctionnaire dans sa famille ? — comme en négatif — les « Messieurs les Ronds-de-Cuir » de Courteline ne font même plus sourire.

L’imaginaire de la charge publique s’est dégradé dans le formalisme rituel des organisations administratives. Les rites sont devenus des routines. Le rituel s’est fossilisé. Nous n’attendons de lui qu’un rendement utilitaire. Or, pour ne pas mourir et continuer à faire vivre un imaginaire, le rite ne doit pas devenir mécanique. Aurait-on perdu de vue que les institutions fonctionnent aussi parce qu’elles ne sont pas de purs concepts et des mécaniques sans âme mais qu’elles impliquent une référence à un système de valeurs qui sert de guide à toute la vie sociale et au premier chef aux agents publics.

Sans doute, le mythe de l’emploi public a beaucoup perdu en termes de contenu émotif et de signification sociologique et métaphysique ! Une forme de désacralisation a touché la fonction publique qui a perdu une partie de son prestige avec l’abandon des codes de langage, des codes vestimentaires, la dégradation de certains de ses locaux. De ce point de vue, il ne faut pas commettre « l’erreur de croire que la désacralisation favorise la foi, bien au contraire, la perte du respect et de l’abandon du mystère tuent la croyance mieux que les sarcasmes »1. La croyance dans la possibilité de servir la Nation/l’État/le service public/l’intérêt général — chacun choisira le terme qui lui convient — en regagnant un emploi dans le public, s’est regrettablement érodée.

Comment dans le cycle de vie d’un papillon, il faut que s’amorce au plus vite une activité intense à l'intérieur de la chrysalide, sous ce bouclier encore immobile. Pour ce faire, la sphère publique doit libérer son potentiel créatif, donner naissance à de nouvelles visions ou œuvres qui n'étaient pas possibles auparavant. L’attractivité publique est ici reliée à d’autres interrogations qui la dépassent mais qui lui apportent en grande partie la solution. Qu’est-ce qui empêche d’imaginer les choses différemment ? Et si l’action publique devait être approchée de façon non stéréotypée pour que l’envol ait lieu ?