La construction budgétaire, un jeu d’équilibriste
Dans un agenda politique où les échos médiatiques et les « coups » sont recherchés, la décentralisation et la répartition des compétences entre les différents niveaux de collectivités, sont des sujets régulièrement évoqués mais rarement travaillés sur le fond politiquement. Est-ce à dire qu’ils n’intéressent que les initiés et qu’ils ne peuvent éveiller l’intérêt des citoyens, usagers et contribuables ? Le taux de participation lors des dernières élections locales interpelle, mais symbolise le déficit d’intérêt, sans doute plus général, pour la « chose publique ». Entre un échelon communal, souvent plébiscité comme le plus lié à la vie quotidienne des habitants mais également bouleversé par le fait intercommunal, d’une part, et les treize grandes régions métropolitaines dont sept issues de fusions récentes 1, d’autre part, les départements pourraient faire figure de repères stables depuis la Révolution française. Au-delà de cette image d’Épinal, cette institution semble aujourd’hui cantonnée à des charges contraintes et tributaire de décisions nationales présidant à ses destinées budgétaires.
Le Département, une institution régulièrement menacée
L’administration du département a progressivement évolué
Pour simplifier l’organisation et la gestion du pays, l’Assemblée nationale constituante décide, le 22 décembre 1789 puis le 15 janvier 1790 2, de diviser la France en 83 départements. Il s’agit là de sortir du carcan de la structure administrative multiséculaire de l’Ancien régime. Les députés tranchent ainsi un débat entre deux volontés opposées : celle de rationaliser cette organisation de façon mathématique - sur le modèle américain - et celle de tenir compte des réalités économiques et géographiques. Cette dernière étant portée notamment par Mirabeau lors de la séance du 3 novembre 1789 : « je voudrais une division matérielle et de fait, propre aux localités, aux circonstances et non point une division mathématique, presque…