La loi municipale du 5 avril 1884 : quel héritage ?
Avec la loi du 5 avril 1884, sur l’organisation municipale, le maire va imposer progressivement son pouvoir, sa présence et sa légitimité dans les moments clés de la vie locale. L’aboutissement de cette loi fut particulièrement long et difficile, récompensant au final les dirigeants de la jeune Troisième République, ces Républicains « opportunistes », qui ont fait le pari de la démocratie locale. Pour eux, la commune doit représenter ce lieu privilégié de diffusion des idéaux de la République… sous la tutelle des préfets naturellement. Chose surprenante, le cadre ainsi défini en 1884 va demeurer presque inchangé pendant près de cent ans, jusqu’aux lois Defferre de décentralisation de 1982-83. Plus étonnant encore, les bases du droit municipal français posées à la fin du XIXe siècle font, aujourd’hui, toujours sentir pleinement leurs effets, dès que ressurgissent les questions liées aux libertés locales et à l’autonomie normative. La décentralisation pragmatique conduite par la loi municipale de 1884 favorise ainsi le regard que la République porte sur « ses » maires et les apports contemporains de son héritage. Un enseignement à méditer pour les réformes en cours, au-delà des querelles sur le mode d’élection des maires à Paris-Lyon-Marseille (PLM) pour les prochaines élections municipales de 2026.
Le maire : du bistrot de village au bout du champ, de la friche industrielle au projet futuriste présenté en salle des fêtes, sa figure est connue de ses administrés. Ceint de son écharpe tricolore, du monument aux morts aux protestations contre la fermeture de services publics, le visage du maire parle à nos concitoyens. En tout point du territoire, dans tous les milieux professionnels, et plus encore dans nos sociétés désenchantées, le maire est immuable. Son image est omniprésente dans l’espace quotidien. Quant aux séries disponibles sur les plateformes de téléchargement, y compris celles à tonalité politique, elles font du premier magistrat de la commune un référent, un modèle d’apaisement, dans ces temps difficiles. Dans ces conditions, les violences faites aux maires et aux élus constituent un marqueur de la dégradation du lien…
